"Enchaînée par le cou à un arbre, privée de toute liberté, celle de bouger, de s'asseoir, de se lever ; celle de parler ou de se taire ; celle de boire ou de manger ; et même la plus élémentaire, celle d'assouvir les besoins de son corps... J'ai pris conscience – après de longues années – que l'on garde tout de même la plus précieuse de toutes, la liberté que personne ne peut jamais vous ôter : celle de décider qui l'on veut être."
"Même le silence a une fin" raconte les six ans et demi de captivité d'Ingrid Betancourt dans la jungle colombienne aux mains des FARC.
Récit intime d'une aventure qui ne ressemble à aucune autre, voyage hanté, palpitant du début à la fin, c'est aussi une méditation sur la condition des damnés – et sur ce qui fonde la nature humaine.
Dès les premières pages du livre, on comprend la détermination et la force de caractère de cette femme, qui va se battre à la fois contre les autres, mais aussi contre elle-même, pour survivre tout en restant digne dans ce monde abominable de la captivité.
Ingrid Bétancout nous décrit précisément les conditions de sa captivité. Les traitements de plus en plus violents de ses geôliers, leur cruauté, leurs humiliations gratuites. On souffre avec elle des maladies, des attaques de la nature et des animaux qui s'acharnent sur les corps affaiblis des prisonniers, et des reproches de ses codétenus, qui la tiennent souvent responsable de tous leurs malheurs…
On découvre que leurs journées, lorsque de longues marches épuisantes ne leur étaient pas imposées, étaient rythmées par la création de ceintures tressées, la lecture, le raccommodage de leurs affaires, et de longues discutions, lorsqu'ils en avaient la permission.
On se réjouit des amitiés nouvelles et on souffre des trahisons.
"Même le silence a une fin" nous pousse à réfléchir sur les réactions de l'Homme lorsqu'il est confronté à des situations extrêmes d'inhumanité. C'est un très beau livre, un récit captivant, émouvant, et extrêmement bien écrit, un gros coup de coeur en ce qui me concerne.