Qu'elle soit ronde ou alongée (olivette), la tomate se déguste en sauce, soupe ou salade, crue ou cuite, voire farcie. Elle accompagne aussi très souvent de nombreux plats notamment dans les recettes provençales ou dans celles des pays du sud de l'Europe. Autrement dit, la tomate se consomme... comme un légume. Et pourtant, sans la moindre ambiguïté scientifique possible, la botanique classe la tomate dans le camp des fruits.
Le mot tomate serait la déformation d'un terme utilisé par les Incas. Ils cultivaient de petites tomates qui ressemblaient à nos tomates cerises actuellement très en vogue. Les Aztèques connaissaient également ce fruit qu'ils appelaient "jitomalt".
Les marins espagnols qui se lancèrent à la conquête de l'Amérique du Sud au XVI siècle rapportent donc des plants de ce curieux fruit rouge. Des monastères de Séville qui n'hésitent pas à se spécialiser dans les raretés végétales du Nouveau Monde se mettent immédiatement à cultiver la tomate. Non seulement le fruit envahit-il rapidement la cuisine de tout le bassin méditerranéen, mais il acquiert également une réputation d'aphrodisiaque qui ne manque pas de faciliter son développement.
Un botaniste italien l'affuble même de mystérieuses vertus magiques en classant la tomate aux côtés de la mandragore. Il n'en faut pas davantage pour que ce fruit rouge en forme de cœur prenne le doux nom de pomme d'amour.
Tandis que la tomate fait les beaux jours des gastronomes du sud de l'Europe, un scientifique anglais affirme vers 1560 que ce fruit ne doit se manger sous aucune forme. Et sous aucun prétexte. Dans son étude, cet herboriste écouté affirme même que la tomate est tout simplement toxique. Effrayés, les Britanniques se détournent aussitôt de ce fruit défendu. Il faudra attendre 1730 pour que des Anglais courageux commencent à réutiliser la tomate dans la soupe. Entre-temps, la plante s'était contentée d'orner les jardins.
Quant aux États-Unis, ils mettront presque trois siècles pour accepter une tomate qui, aujourd'hui, accompagne pourtant fièrement tous les repas américains à travers l'inévitable bouteille de ketchup. Du temps de sa splendeur dans le bassin méditerranéen, certains lui trouvaient encore outre-Atlantique un cousinage trop prononcé avec des plantes suspectées de connivences sataniques, comme la mandragore et la belladone.
Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour que des cuisiniers de Caroline du Sud introduisent la tomate dans des sauces et des potages. Finalement, entre 1835 et 1840, une gigantesque opération médiatique conduite par des médecins va délivrer la pomme d'amour des rumeurs infondées qui lui collent à la peau.
La tomate devient le produit à la mode. Une sorte de "tomatemania" s'empare du pays : recettes, conseils, pilules, livres, chroniques dans la presse. Le fruit s'impose comme un aliment indispensable pour garder la santé. Voire comme une plante miracle capable de guérir la toux et de soigner le choléra ! Les Américains ne font jamais dans la demi-mesure.
Enfin peu importe ses vertus et sa réputation,
la tomate est à manger sans modération…
( ça serait pas mal comme slogan publicitaire HIHIHI)